Fuyant le Vietnam d’après-guerre, les Nguyen (sur)vivent, en 1985, dans le camp de réfugiés de Sikhiu, en Thaïlande. C’est là où Gilbert Lompret (médaillon) leur écrit.

Par mégarde, le courriel aurait pu partir à la corbeille, samedi matin. Un certain Thi Thanh Nguyen, habitant de Beaumont au Texas, nous écrit : « Je suis médecin aux États-Unis et je recherche celui qui a aidé ma famille lorsque nous étions au camp de réfugiés de Sikhiu, en Thaïlande. En ce temps-là, nous recevions l’assistance de Monsieur Gilbert Lompret et je cherche par tous les moyens à le recontacter pour lui exprimer notre gratitude. Au cours de mes recherches, sur Internet, je suis tombé sur cet article concernant un poète qui porte le même nom… » C’est un Gilbert Lompret ému qui nous confirme, au téléphone, qu’il s’agit bien de lui.

Générosité épistolaire

Ils n’ont pas échangé un mot depuis 1985. Cette année où Thi Thanh, sa sœur Kim Tho, leurs six aînés et leurs parents voient l’horizon s’éclaircir, vers les États-Unis. La famille a fui le Vietnam et le gouvernement d’après-guerre. Les Nguyen (sur)vivent depuis dans le camp de réfugiés de Sikhiu, en Thaïlande. C’est à cette adresse que Gilbert Lompret, à des milliers de kilomètres de là, leur écrit. Le poète escaudinois soutient financièrement l’ONG Enfants du Mékong. Plus encore, le stakhanoviste des lettres réputé dans le Denaisis pour sa plume et son acharnement épistolaire, fait une fois de plus ce qui l’anime : écrire. Dans ses courriers en partance pour Sikhiu, il glisse « quelques dollars ». Gilbert a 41ans : « Dans nos échanges, ils me parlaient de leurs conditions de vie, affreuses. Du riz et d’un bout de poisson séché pour huit enfants… » Ils échangent photos et récits. Gilbert apprend que la famille peut partir aux États-Unis. Et depuis, le silence.

Retrouvailles inespérées

Le petit Thi Thanh Nguyen, bébé lorsque ses parents échangeaient avec Gilbert Lompret, se fait aujourd’hui l’ambassadeur d’une famille. « J’ai finalement retrouvé le protecteur de ma famille. C’est un tel soulagement ! Mes parents sont très heureux, ils ont parlé de M.Lompret durant tant d’années… » Le bambin de Sikhiu, devenu médecin et à son tour père de famille, cherchait les coordonnées de Gilbert Lompret depuis plusieurs années. Sa sœur, Kim Tho, que l’Escaudinois parrainait, est elle aussi installée : mariée et dentiste, également au Texas. Happy end ? Pas encore.

La famille au complet prévoit déjà de voler jusqu’en France, l’été prochain : « Mon père veut que l’on fasse ce voyage, il y tient. » « Nos portes sont grandes ouvertes ! », répond du tac-au-tac Christiane Lompret, en apprenant la nouvelle. Gilbert, attaché à l’alphabétisation des enfants, a pour une fois du mal à trouver ses mots : « J’ai soutenu des enfants en Inde, au Kenya, au travers de plusieurs associations. Je continue d’aider les enfants… J’espère à chaque fois que je pourrai changer leur vie. »

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