Les Carnets retrouvés

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"Ne brûle pas celui-là, Fred. Il y a déjà du feu là-dedans." Nous sommes au Vietnam en 1970. L'agent des services secrets Fred Whitehurst, chargé d'examiner les documents saisis lors des combats, s'apprête à en détruire un qui ne présente aucun intérêt militaire quand son interprète vietnamien arrête son geste : "Ne le brûle pas..." Bien vu : les carnets du docteur Dang Thuy Tram, médecin vietcong, étaient incandescents. Ils paraissent aujourd'hui aux éditions Philippe Picquier et sont une des révélations de cette rentrée littéraire.

Journal intime

Le docteur Dang Thuy Tram (26 novembre 1943-22 juin 1970) était une jeune femme chirurgien du Nord-Vietnam qui, en décembre 1966, au sortir de la faculté, choisit d'aller servir dans le Sud, où, depuis plus d'un an, la guerre faisait rage. Après une longue marche sur la piste Hô-Chi-Minh, elle est versée dans un hôpital de campagne de la province de Quang Ngai, théâtre d'affrontements particulièrement atroces. Thuy va connaître l'enfer : la forêt, la boue, la pluie, la peur.

Débutant le 8 avril 1968 - les carnets précédents ont été perdus -, ce journal intime s'interrompt le 20 juin 1970 : Thuy est seule, ses deux compagnes sont parties chercher secours et nourriture. Deux jours plus tard, on retrouvait son corps, une balle dans le front. Dans sa sacoche, un poste de radio, de la novocaïne et ses carnets.

La femme adolescente

On a parfois évoqué le journal d'Anne Frank à propos de ces écrits et ce n'est pas totalement absurde. Car ce qui touche ici, autant que l'évocation de la guerre au quotidien, c'est la personnalité de Thuy, encore tellement proche de l'adolescence. Si elle est ferme et fervente dans ses convictions, elle est aussi naïve, romantique, bourrée de contradictions. Elle songe aux jours heureux au sein de sa famille, fantasme sur l'amour mais redoute le qu'en-dira-t-on. On la voit ainsi grandir, mûrir, passer de "l'enfant rêveuse qui exige trop de la vie" à la femme sensible, solitaire, qui redoute la mort mais ne renonce pas.

Publiés en 2005 au Vietnam, les carnets ont rencontré un succès extraordinaire : 430 000 exemplaires vendus. Depuis, un hôpital porte son nom et le tourisme n'est pas en reste, qui a inventé un "Thuy Tour". Juste retour des choses pour un être de feu qui n'avait qu'un désir : la paix, pour elle et son pays.

Les carnets retrouvés (1968-1970), éd. Philippe Picquier, 276 p., 19 euros.

(source : www.lepoint.fr)

 

Catégorie: 
Récits
Auteur(s): 
Dang Thuy Tram
Editeur: 
Editions Philippe Picquier
Date de parution: 
17 Août 2010
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