Le peuple vietnamien est formé à travers le processus d'interférence anthropologique et des deux cultures anciennes d'Asie: cultures chinoise et indienne tout en créant sa propre identité. Anthropologiquement, les Vietnamiens appartiennent au groupe des mongoloides méridionaux.
A présent, 54 ethnies vivent ensemble sur le territoire. Les Kinh (les Viet) représentent près de 90 % de la population totale. Les langues des ethnies vietnamiennes appartiennent à 8 groupes différents.
Le groupe Viet-Muong comprend 4 ethnies : Chut, Kinh, Muong, Tho.
Le groupe Tay-Thai comprend 8 ethnies: Bo Y, Giay, Lao, Lu, Nung, San Chay, Tay, Thai.
Le groupe Mon-Khmer comprend 21 ethnies: Ba Na, Brau, Bru-Van Kieu, Cho-ro, Co, Co-ho, Co-tu, Gie-trieng, Hre, Khang, Khmer, Kh-mu, Ma, Mang, M'nong, O-du, Ro-mam, Ta-Oi, Xinh-mun, Xo-Ðang, Xtieng.
Le groupe Mong-Dao comprend 3 ethnies: Dao, Mong, Pa Then.
Le groupe Kadai comprend 4 ethnies: Co lao , La-chi, La ha, Pu Peo.
Le groupe Malayo-Polynésien comprend 5 ethnies: Cham, Chu-ru, E-Ðe, Gia-rai, Ra-glai.
Le groupe Han comprend 3 ethnies: Hoa, Ngai, San diu.
Le groupe tibéto-birman comprend 6 ethnies: Cong, Ha Nhi, La Hu, Lo Lo, Phu Sa, Si La.
A travers des siècles, les ethnies vietnamiennes se sont étroitement unies dans la même mission historique de lutter contre les agresseurs, défendre le pays, conquérir le droit de vivre, le droit à l'indépenmdance, à la souveraineté. Chaque ethnie a sa propre langue, sa propre culture, faisant partie intégrante de la culture vietnamienne riche en genres et en couleurs.
Un pays multi-ethnique
Le Vietnam constitue, contrairement à une croyance assez répandue, une nation multi-ethnique et multiconfessionnelle, dans laquelle on inventorie quelque 75 ethnies. On trouve ainsi au Vietnam un éventail unique de langues et de peuples en Asie du Sud-Est. Les minorités ne représentent que 15 % de la population du pays, mais leur proportion moyenne s'élève à 30 % et à 40 % dans les montagnes du Nord et à plus de 80 % dans les provinces de Cao-Bang, Hà-Giang, Lang-Sob, Lai-Châu et Son-La. De plus, quatre groupes dépassent le million d'individus (Thaï, Tày, Muong et Khmers) et treize oscillent entre 100 000 et 900 000, mais trente-six groupes comptent moins de 100 000 membres. IL faut aussi se rendre compte que les minorités occupent une superficie considérable du Vietnam, soit 200 000 km² sur un total de 335 000 km², ce qui correspond aux deux tiers du pays. Alors que les Viet occupent le littoral, les minorités contrôlent les montagnes du Nord et toute la frontière ouest du pays. Dès que l'on quitte les villes du littoral, les deltas et les plaines, ce sont les minorités qu'on rencontre partout, avec leurs langues, leurs coutumes, leurs cultures, etc. Par ailleurs, la présence des nombreuses minorités permet au Vietnam une ouverture à l'Asie du Sud-Est parce que ces populations favorisent les contacts avec tous les pays voisins. En effet, les différentes ethnies sont composées de populations qui enjambent les frontières, ce qui n'est pas le cas des Viet, pratiquement tous concentrés au Vietnam. Ce qui relie le pays à l'extérieur, c'est justement la présence de dix millions de minoritaires constituant un échantillon parfait de l'ensemble des groupes ethniques qui existent ailleurs en Asie du Sud-Est, soit entre le sud de la Chine et le nord de l'Inde, ce qui inclut le Laos, le Cambodge, la Thaïlande et la Birmanie. Pour toutes ces considérations, on ne peut qualifier les minorités du Vietnam de «négligeables» ou de «peu d'importance». D'ailleurs, même le gouvernement vietnamien commence à se rendre compte de la richesse ethnolinguistique de ces minorités à l'intérieur de ses frontières. Grâce aux minorités, le Vietnam peut échapper au monopole de la monoculture ethnique et accéder à une dimension régionale dans cette partie du monde. Il n'est guère surprenant que la carte ethnolinguistique du Vietnam soit relativement complexe.
Toutes les ethnies du Vietnam parlent l’une des cinq familles linguistiques qui suivent : la famille austro-asiatique, la famille sino-tibétaine, la famille thaï-kadai, la famille hmong-mien et la famille austronésienne. C'est donc dire que le Vietnam possède un riche patrimoine linguistique. On peut résumer la situation en disant que les langues du Vietnam appartiennent à huit grands groupes ethniques différents.
- le groupe des Viets-Muongs : Chut, Kinh, Muong, Tho;
- le groupe des Thaïs : Bo Y, Giay, Lao, Lu, Nung, San Chay, Tay, Thaï;
- le groupe des Môn-Khmers : Ba Na, Brau, Bru-Van Kieu, Cho-ro, Co, Co-ho, Co-tu, Gie-trieng, Hre, Khang, Khmer, Kho mu, Ma, Mang, M'Nong, O-du, Ro-mam, Ta-Oi, Xinh-mun, Xo-Ðang, Xtieng;
- le groupe des Hmong-Dao : Dao, Mong (H'Mong), Pa Then;
- le groupe des Kadai : Co lao , La-chi, La ha, Pu Peo;
- le groupe des Autronésiens : Cham, Churu, Ede, Giarai, Raglai;
- Le groupe des Chinois han : Hoa, Ngai, San diu;
- Le groupe des Tibéto-Birmans : Cong, Ha Nhi, La Hu, Lo Lo, Phu La, Si La.
2.3 Les minorités linguistiques
Les minorités sont pour la plupart localisées dans le Nord-Ouest, sur le massif montagneux à la frontière de la Chine et du Laos (Tonkin) ou encore dans les hauts plateaux du Centre (Annam) du sud (Cochinchine). Après avoir farouchement résisté aux envahisseurs étrangers, ces peuples ont tous conservé leur langue particulière et développé leur identité culturelle. Dans le Nord où la montagne domine, les communications difficiles ont fait perdurer les langues minoritaires qui sont aujourd’hui grandement utilisées.
Par ailleurs, plus on monte vers le nord du pays, moins la langue vietnamienne est utilisée. La communauté khmère (ou Cambodgiens) compte plus de 1,1 million de locuteurs qui vivent en majorité dans la région du Delta du Mékong (provinces de Trà Vinh et Soc Trang, mais aussi Bac Liêu, Cà Mau, Hâu Giang, Cân Tho, An Giang et Kiên Giang). Dans la Région du Nord-Est (provinces de Son La et de Lai Chau), où les Thaïs ont longtemps exercé un grand pouvoir politique, la langue dominante reste encore le thaï et ses variétés linguistiques; c’est cette langue qui sert de langue commune à tous les groupes linguistiques. Encore plus au nord, c’est le chinois qui prédomine par rapport au vietnamien, bien qu’il soit en régression depuis quelques années. Après des années de relations difficiles, le gouvernement vietnamien a commencé à considérer les minorités ethniques comme une «pâture pour touristes» (ou «pièges à touristes») et se sert de leurs villages, de leurs costumes traditionnels et de leur musique pour faire la «promotion» du Vietnam. Le visiteur éventuel doit faire preuve d'une certaine «réserve» lorsqu'il s'aventure dans ces communautés. Dans les grandes villes telles que Hanoi et Hô-Chí-Minh-Ville, l’anglais prend de plus en plus d’importance dans le monde des affaires, et ce, malgré les efforts du gouvernement d’y introduire ou y réintroduire le français.
Le tableau qui suit présente les différents groupes ethniques du Vietnam, ainsi que leur langue maternelle, leur affiliation linguistique et leur population:
Peuple | Langue maternelle | Groupe linguistique | Population |
Kinh ou Viet | vietnamien | austro-asiatique | 67 500 000 |
Khmers (Cambodgiens) | khmer du Centre | austro-asiatique | 8 000 000 |
Chinois han | chinois mandarin | sino-tibétain | 1 995 791 |
Thaïs tho (Tày) | thaï tho (tày) | thaï-kadai | 1 574 822 |
Chinois nung | nung | sino-tibétain | 933 653 |
Hmongs | hmong daw | hmong-mien | 870 100 |
Thaïs noirs (Thaïs Dam) | thaï dam | thaï-kadai | 816 000 |
Yao des montagnes | kim mun | hmong-mien | 800 000 |
Yu miens | yu mien | hmong-mien | 675 200 |
Chinois yu | chinois yu | sino-tibétain | 500 000 |
Jarai | jarai | austronésien | 304 000 |
Thaîs blancs (Thaïs Don ) | thaï don | thaï-kadai | 250 000 |
Rhades | rade | austronésien | 219 000 |
Thaïs rouges | thaï daeng | thaï-kadai | 175 000 |
Phuthai | thaï phu | thaï-kadai | 167 886 |
San Chay | man cao lan | thaï-kadai | 164 800 |
San Diu | yu mien | hmong-mien | 141 300 |
Bahnars | bahnar | austro-asiatique | 137 000 |
Muongs | muong | austro-asiatique | 126 300 |
Cham de l'Est | cham de l'Est | austronésien | 100 000 |
Hre | hre | austro-asiatique | 100 000 |
Koho | koho | austro-asiatique | 100 000 |
Mnongs du Centre | mnong du Centre | austro-asiatique | 71 000 |
Tho | tay | thaï-kadai | 68 394 |
Mnongs du Sud | mnong du Sud | austro-asiatique | 64 263 |
Khmou | khmou | austro-asiatique | 56 542 |
Giay | nhang | thaï-kadai | 54 900 |
Brou de l'Est | brou de l'Est | austro-asiatique | 50 000 |
Mnongs de l'Est | mnong de l'Est | austro-asiatique | 48 000 |
Stiengs | stieng (bulo) | austro-asiatique | 48 000 |
Maa | maa | austro-asiatique | 40 978 |
Sedang | sedang | austro-asiatique | 40 000 |
Tsun-Lao | tsun-lao | thaï-kadai | 39 916 |
Haut-Ta-Oy | haut-ta-oy | austro-asiatique | 34 960 |
Haroi | haroi | austronésien | 33 000 |
Triengs | trieng | austro-asiatique | 31 933 |
Katou (Co-tu) | katou de l'Est | austro-asiatique | 30 000 |
Cham de l'Ouest | cham de l'Ouest | austronésien | 30 000 |
Roglai du Sud | roglai du Sud | austronésien | 29 043 |
Jeh (Gie-Trieng ) | jeh | austro-asiatique | 27 000 |
Rengao | rengao | austro-asiatique | 26 081 |
Roglai du Nord | roglai du Nord | austronésien | 25 000 |
Hani | hani | sino-tibétain | 19 600 |
Xinh Mun | puoc | austro-asiatique | 18 018 |
Chrau (Cho-ro) | chrau | austro-asiatique | 15 000 |
Churu | chrou | austronésien | 15 000 |
Khao | khao | austro-asiatique | 14 521 |
Lati | lachi | thaï-kadai | 12 000 |
Lao | lao | thaï-kadai | 11 611 |
Halang | halang | austro-asiatique | 11 000 |
Pacoh | pacoh | austro-asiatique | 10 378 |
Khang | khang | austro-asiatique | 10 272 |
Phula | phula | sino-tibétain | 10 100 |
Cua (Co) | cua | austro-asiatique | 10 000 |
Lahu | lahu | sino-tibétain | 7 700 |
Laqua | laqua | thaï-kadai | 7 265 |
Pathènes | bunu (baheng) | hmong-mien | 6 200 |
Laha | laha | thaï-kadai | 5 686 |
Lü | lü | thaï-kadai | 4 964 |
Chut | chut | austro-asiatique | 3 829 |
Lolo | lomwe | sino-tibétain | 3 700 |
Roglai Cacgia | roglai cacgia | austronésien | 3 481 |
Akha | akha | sino-tibétain | 3 193 |
Mangs | mumuye | austro-asiatique | 2 663 |
Pa Hng (Meo Lai ) | bunu (baheng) | hmong-mien | 2 395 |
Gelao (Co Lao) | gelao | thaï-kadai | 2 100 |
Bouyei | bouyei | thaï-kadai | 2 028 |
Congs | phunoi | sino-tibétaine | 1 900 |
Phunoi | phunoi | sino-tibétaine | 1 597 |
Hungs | hung | austro-asiatique | 1 453 |
Sila | sila | sino-tibétaine | 950 |
Pubiao (Pu Peo ) | laqua | thaï-kadai | 800 |
Romam | romam | austro-asiatique | 798 |
Arem | arem | austro-asiatique | 639 |
Brao | lave | austro-asiatique | 250 |
Parmi les ethnies minoritaires parlant une langue de la famille austro-asiatique, mentionnons une quinzaine de peuples, résidant souvent le long de la frontière laotienne, dont les Khmers (8,0 millions), les Bahnars (137 000), les Muongs (126 000), les Hre (100 000), les Kohoi (100 000), les Mnongs du Centre (71 000), 97 000), les Mnongs du Sud (64 263), les Khmous (56 000, les Brou de l'Est (50 000), les Mnongs de l'Est (48 000), les Stiengs (48 000), les Maa ((40 000), les Sedang (40 000, etc. Tous ces peuples sont de véritables autochtones et ils étaient là avant tous les autres groupes qui, pour la grande majorité d’entre eux sont descendus du sud de la Chine. La langue des Muongs au nord est très proche du vietnamien, mais aujourd'hui la langue est plus influencée par le thaï. Au nord du Vietnam, le long de la frontière chinoise, dans les hautes montagnes du Nord, les langues de la famille sino-tibétaine ne sont pas très nombreuses, mais elles comptent beaucoup de locuteurs: le chinois mandarin (1,9 million), le chinois nung (933 600), le chinois yu (500 000), le hani (19 600), le phuta (10 000), le lahu (7700), le lomwe (3700), l'akha (3100), etc. Dans le sous-groupe tibéto-birman, on distingue le hani, le lau, le sila, etc. C’est une population que l’on retrouve dans le sud-ouest de la Chine et dans toute la région himalayenne. Dans le Nord-Ouest, se trouvent les langues de la famille thaï-kadai : le tày (1,5 million), le thaï dam (816 000), le tahï don (250 000), le thaï daeng (175 000), le thaï phu (167 000), le man cao lan (164 000), le tày des Mongs du Sud (68 000), le nhang (54 900), le tsun-lao (39 000), le lachi (12 000), le lao (11 600), etc. Dans la même région, la famille hmong-mien (ou miao-yao) présente quelques langues: le hmong daw (870 000), le kim mun (800 000), le yu mien (675 000) et le bunu (2600). Enfin, dans le centre-sud du pays, les langues de la famille austronésienne sont parlées par les habitants des hauts plateaux, dont le jaraï (304 000), le rade (219 000), le cham de l'Est (100 000), le haroi (33 000), le cham de l'Ouest (30 000), le roglai du Sud (29 000), le roglai du Nord (25 000) et le chrou (125 000). Les Chams habitent les montagnes du Nord et les faubourgs de Hô-Chí-Minh-Ville. Le Vietnam demeure un pays relativement pauvre, particulièrement dans les zones rurales. Dans ces zones, les minorités ethniques sont encore plus pauvres. |
On trouve au Vietnam différentes formes d’écritures utilisées par les minorités, comme les idéogrammes (tày, nung et autres groupes thaïs) et des alphabets d’origine indienne (thaï noir, cham, khmer, lao, etc.) et latine. Les solutions trouvées pour transcrire la langue vietnamienne (l’alphabet latin) ont eu tendance à s’imposer et furent souvent appliquées à à la transcription de langues orales ou de dialectes voisins géographiquement.
