Le Thé vietnamien

Vous êtes ici : Dossiers » Economie » Le Thé vietnamien

Economie

Le Thé vietnamien

Le Thé vietnamien
Agrandir le texte
Réduire le texte
Imprimer
Envoyer à un ami

Cueillette du thé sur les plateaux MoïsA la recherche d'un développement durableModerniser les technologiesOu acheter et déguster à Hanoi

Les Vietnamiens aiment cette chose appelée le thé. Ils le boivent partout et à tout moment : lors des réunions formelles, après des repas, aux mariages et aux enterrements. Ils le placent sur des autels pour l'offrir à leurs ancêtres. Mais  boire du thé n'est pas une tendance récente au Vietnam. Il a une longue histoire ...
La culture du thé au Vietnam est une tradition vieille de plus de 3 000 ans: Elle bénéficie de conditions naturelles favorables (climat, nature des sols, hygrométrie, etc.) et a connu au cours des dernières années un essor considérable.

Cueillette du thé sur les plateaux Moïs

(saigon.vietnam.free.fr) A l’encontre du café et de l'hévéa dont la culture fut innovée en Indochine à la fin du 19e siècle, le thé a toujours existé à l’état sauvage en Annam et au Tonkin, mais n’était pratiquement pas cultivé, la production servant uniquement aux besoins locaux. La venue de planteurs français développa cette culture, en particulier sur les Plateaux Moïs où elle prit un essor rapide : 15000 tonnes en 1939, 1700 tonnes en 1940 ; en 1944, on y comptait plus que 3000 hectares de plantations assurant une production de 1.200 tonnes.

Si la production la plus abondante était fournie avant la guerre de 1939 par le Tonkin, la qualité la meilleure était obtenue sur les plateaux Moïs où, à partir de 1935, des Sociétés anonymes exploitent de vastes concessions. S’étant assuré la collaboration de spécialistes pour traiter le thé au goût du consommateur européen, des usines du type le plus perfectionné furent construites.
La préparation du thé demande des soins constants, aussi bien sur la plantation que dans le triage, le séchage et la préparation des feuilles.
La cueillette des feuilles exige, comme la culture du théier, une abondante main d’œuvre.

Plantation de thé de l'arbre broyé de Dalat

Les photos de la "Plantation de Thé de l'Arbre Broyé" ont été prises en novembre 1963 à Dalat par le docteur américain Irwin S. Leinbach (médecin volontaire à l'hôpital Cho-Ray de Saïgon).
La "Plantation de l'Arbre Broyé" (maintenant Co Phan Che Cau Dat) a été créée en 1927. Dans cette plantation se fabrique un thé vert de première qualité

 

A la recherche d'un développement durable

 

Un colloque scientifique intitulé "Mesures et conditions pour le développement durable et l'intégration réussie de la filière thé" vient d'avoir lieu dans le bourg de Bao Lôc, province de Lâm Ðông (hauts plateaux du Centre).

Organisé conjointement par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural et le Comité populaire provincial de Lâm Ðông, le colloque scientifique consacré au développement de la filière thé a réuni des centaines de participants : des scientifiques, chefs d'entreprises vietnamiennes et étrangères spécialisées dans la culture du théier, ainsi que des responsables du secteur du thé du pays et de Lâm Ðông, et notamment des planteurs représentant plus de 10.000 foyers cultivateurs de cette province.

Il s'agissait d'un des événements importants s'inscrivant dans le cadre du 3e Festival culturel du thé de Lâm Ðông, tenu du 25 au 27 décembre 2010 à Bao Lôc. "Ce colloque est l'occasion de partager des expériences dans la culture du théier entre localités, de transférer des technologies entre entreprises et planteurs, surtout ceux de la province de Lâm Ðông", a estimé Lê Quang Phùng, secrétaire du comité du Parti de la ville de Bao Lôc.

Selon les statistiques, le Vietnam est actuellement le 5e exportateur mondial de thé. En 2009, le pays en a exporté quelque 115.000 tonnes, soit une hausse d'environ 27% en volume et de plus de 21% en valeur par rapport à 2008. En 2010, les exportations vietnamiennes sont estimées à 130.000 tonnes. Ce secteur emploie plus de six millions de personnes dans 34 provinces et villes, en majorité dans les régions montagneuses du Nord.

Actuellement, le thé vietnamien est vendu dans 110 pays et territoires, dont les plus importants débouchés sont le Pakistan (22,48%), Taïwan (13,78%), la Russie (13,28%), l'Indonésie et les États-Unis. Et les plus grandes plantations de théiers se trouvent à Phú Tho, Yên Bái, Thái Nguyên, Tuyên Quang (Nord), et surtout à Lâm Ðông (hauts plateaux du Centre), localité qui représente 30% de la superficie totale. Les labels les plus prisés sont Shan Tuyêt de Hà Giang, Suôi Giàng de Yên Bái, Ô Long et B'Lao de Lâm Dông…

Cependant, selon des experts présents à ce colloque, en dépit de la forte croissance de cette filière ces dernières années, le thé vietnamien n'est essentiellement exporté que sous sa forme brut et vers des marchés peu exigeants en termes de qualité. Le prix de vente est inférieur à la moyenne mondiale à cause de la faible gestion des critères de qualité et d'hygiène.

D'après Nguyên Thi Ánh Hông, vice-présidente de l'Association vietnamienne du thé (VITAS), les freins au développement du secteur sont essentiellement le manque de matières premières, de variétés et de main-d'œuvre qualifiée, la négligence dans la gestion de la sécurité sanitaire, la petite envergure des plantations, etc. Ces éléments exercent une influence non négligeable sur le développement du secteur du thé du Vietnam en général et de Lâm Ðông en particulier. "Actuellement, nous rencontrons beaucoup de difficultés dans l'exportation, face à la quantité incontrôlable des pesticides, à la qualité instable du thé, à l'emprunt difficile de capitaux…", a fait savoir un représentant de l'entreprise privée Phuong Nam, implantée à Bao Lôc.

Actuellement, Lâm Ðông recense près de 28.000 ha de théiers, situés notamment dans la ville de Bao Lôc, les districts de Bao Lâm et de Di Linh. Sa production annuelle est d'environ 225.000 tonnes en moyenne, soit un tiers de la production nationale, avec des labels connus comme B'Lao, Kim Tuyên, Tu Quy, Ô Long…

La ville de Bao Lôc, où la culture et la transformation du thé sont menées depuis les années 1930, est réputée pour le thé B'Lao. Les théiers représentent la moitié de ses terres agricoles. Sa production annuelle s'élève à 72.500 tonnes, soit 20% de la production industrielle de cette localité.

Cependant, "le rendement moyen de Lâm Ðông est encore modeste et ses exportations sont en majorité du brut (60%)", a reconnu le directeur du Service provincial de l'agriculture et du développement rural de Lâm Ðông.

En vue d'un développement durable du secteur national du thé, Ðoàn Anh Tuân, président de la VITAS, a proposé de porter la norme GAP (Good Agriculture Pratices) du Vietnam au niveau mondial et de promulguer des politiques sur les normes sanitaires à respecter. "Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural devra renforcer ses contrôles dans les établissements de production de thé et rendre public le nom de ceux qui satisfont aux normes requises. Il est nécessaire pour les services d'encouragement agricole de multiplier les transferts de technologies en faveur des paysans. De plus, les plantations de théiers devront être aménagées, la qualité des variétés de thé rigoureusement contrôlée. Par ailleurs, il importe pour les entreprises d'appliquer des processus de production sécuritaires…", a-t-il avancé.

Le 3e Festival du thé de Lâm Ðông

Le 3e Festival du thé de Lâm Ðông s'est déroulé du 25 au 27 décembre 2010 à Bao Lôc, un bourg de cette province des hauts plateaux du Centre, déployant les multiples essences et saveurs d'une industrie clef du Vietnam.
Cet événement bisannuel a pour but d'honorer les producteurs de thé vietnamiens qui, avec passion et patience, dédient quotidiennement leur savoir-faire au plaisir d'amateurs de 110 pays et territoires.
Expositions des variétés de thé des différentes régions du pays, colloque sur les mesures propres au développement du thé vietnamien, concours de cueillette, concours de la plus belle voix du pays du thé et cortège fleuri étaient au menu.
Après la 2e édition couronnée de succès en décembre 2008, le 3e Festival du thé a invité tous les amateurs et néophytes à une immersion dans l'univers de cette plante si singulière, avec une soirée de dégustation pour savourer avec délices une infinité de thés aux parfums enchanteurs, un moment privilégié d'échanges propice à la convivialité.
Cet événement a d'ailleurs l'ambition de présenter les potentiels et atouts de la production du thé vietnamien en général et de celui de Bao Lôc en particulier, et de faire écho au mouvement "Le Vietnamien consomme vietnamien".

Nguyên Ðat/CVN
1/1/2011  
 

Moderniser les technologies

Actuellement, une soixantaine de pays produisent du thé pour le plus grand bonheur des plus de trois milliards de consommateurs répartis dans quelque 160 pays. Le Vietnam dispose de conditions climatiques et pédologiques très favorables à la culture du théier.

De fait, le théier devient une plante industrielle phare du Vietnam, qui est aujourd'hui le 5e exportateur mondial de thé. Sa production annuelle atteint 180.000 tonnes, dont 130.000 destinées exclusivement à l'exportation. Les plantations de théiers sont réparties dans 34 provinces et villes, avec 12 provinces clefs représentant 94% des cultures.

En cinq ans, de 2005 à 2009, le secteur national du thé a fait des progrès colossaux en termes de superficie cultivée (+ 5.600 ha), de production (+ 218.700 tonnes) et d'exportation (+ 46.000 tonnes).

Pourtant, faute de labels, les cours du thé brut vietnamien destiné à l'exportation sont assez bas sur le marché mondial. C'est pour quoi, la modernisation des technologies dans ce secteur est impérative.

Pour aider les entreprises à moderniser leurs technologies, le gouvernement a promulgué en 2009 la résolution N°48 selon laquelle la priorité est accordée à l'investissement dans le renouvellement des technologies, contribuant ainsi à réduire les pertes avant, pendant et après récolte pour les produits agricoles et aquatiques. Concrètement, l'État alloue des crédits pour l'investissement dans la construction d'infrastructures, de locaux et le renouvellement des équipements des établissements de transformation de thé, avec un taux d'intérêt de zéro pour cent durant les deux premières années d'activité, puis une exonération de 50% du taux d'intérêt des sommes empruntées les années suivantes.La Compagnie par actions de thé Tân Trào exporte essentiellement du thé vert en Europe de l'Est et en Asie centrale. "Pour demeurer concurrentiels devant les autres entreprises et maintenir nos parts de marché, nous sommes obligés de moderniser continuellement nos technologies et d'adapter nos produits aux goûts des consommateurs", affirme Hoàng Thanh Tân, président du conseil d'administration et directeur général de Tân Trào. Pour une meilleure qualité de ses produits, cette compagnie acquiert des chaînes de trans- formation de technologies taïwanaises et d'équipements japonais pour la sécurité sanitaire. "Grâce à la modernisation des technologies de production, nos affaires demeurent rentables", se réjouit M. Tân. En 2010, cette compagnie a commercialisé environ 2.700 tonnes de marchandises, dont 2.000 tonnes de thé vert.

En réalité, le thé exporté du Vietnam est essentiellement brut. En dehors de la compagnie Tân Trào, peu d'entreprises investissent dans la création et le développement d'une marque, ou dans l'emballage afin d'augmenter la valeur commerciale du thé, ni même dans le développement d'un réseau de distribution. Le thé vietnamien s'exporte en conséquence à un prix inférieur à la moyenne mondiale.

Lê Xuân, chef du Service de la transformation et du commerce des produits agricoles, sylvicoles et aquatiques du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, souligne l'importance des technologies. D'après lui, les matières premières ont bien sûr un rôle primordial dans la transformation du thé. Mais il faut conjuguer à cela des technologies à la hauteur afin que la qualité des produits soit garantie. Alors, "les entreprises doivent s'occuper de la modernisation des technologies de production, de l'établissement d'une marque pour leurs produits afin que ces derniers soient reconnus par le marché mondial. Ce qui aboutira à l'augmentation de leur prix de vente", indique-t-il.

Huy Hoàng/CVN
1/1/2011

 

Ou acheter et déguster à Hanoi

L'esthétique est pour la culture du thé chinois. Le principe moral pour celui de la culture japonaise. Tandis que l'art du thé vietnamien est plus souple et ouvert. La Maison de thé Truong Xuân est une adresse hanoienne pour cet art.
Au Vietnam, le thé est bien plus qu'une simple boisson. On en boit pour répondre à l'accueil chaleureux, pour ouvrir les discussions, pour la sérénité, la méditation en contemplant la nature. Le thé est préparé à partir des feuilles les plus jeunes et les plus tendres du théier. Les différences entre les nombreuses variétés de thé existantes viennent de la façon dont les feuilles sont traitées. Le thé vert au parfum rural est enrichi d'un zeste de délicatesse hanoienne.
La clé de la réussite réside dans la qualité du séchage et de la fermentation des feuilles. Au terme de la fermentation, les feuilles de couleur verte sombre prennent une teinte marron rouge. Le parfum varie du floral au fruité ou au malté selon la durée du séchage et le degré de fermentation. Le thé non fermenté est appelé "thé vert". Infusé, le thé vert est de couleur vert jade ou vert-jaune, et diffuse un parfum végétal frais. Truong Xuân, une maison de thé d'élite
Toutes ces raisons conduisent les amateurs de thé à la Maison de thé Truong Xuân, 13, rue Ngô Tât Tô (Hanoi) pour en déguster les différents parfums. Truong Xuân est de la 5e génération de l'enseigne du thé Linh Duoc. C'était une maison de thé très connue pour les habitants du Hanoi d'antan. Aujourd'hui, c'est son fils Hoàng Anh Suong qui a pris le relais de l'enseigne familiale.
Truong Xuân, 75 ans, a consacré sa vie à la culture du thé. Il a traversé le pays de long en large pour étudier la technique du séchage et du thé, sur les champs de théier à Thai Nguyên, Phu Tho, Nghê An, Lâm Dông, etc.
Ce maître du thé a formé 3 groupes de thé : le thé vert pur, le thé de nutrition - mélange d'herbes médicinales, et le thé parfumé aux fleurs (pamplemousse, jasmin, lotus ). Etant un connaisseur du thé, mais aussi un artiste sur l'art du thé, il a aménagé la maison par divers espaces: détente avec le thé au lotus, dégustation avec le thé parfumé aux fleurs blanches, démonstration artistique avec le thé de Tà Sùa et Thuong Son.
À cette adresse, est né le Club des amoureux du thé Viêt, il y a 4 ans. Quelque 300 membres du club se retrouvent autour d'une tasse de thé, chaque trimestre, pour partager la même passion : l'art du thé.

Le petit salon de thé Ông già
À Hanoi, il y a des milliers de points de vente de thé sur le trottoir. Le salon de thé Lu ou bien ông già (le Vieillard) figure parmi ces adresses populaires des buveurs de thé.
Le petit salon, ouvert depuis 1990, se trouve dans le quartier très animé de Thanh Xuân Bac. Le salon occupe une superficie modeste de 5 m2, sous l'escalier d'un immeuble. Sur le sol sont installés 2 fours au charbon servant à faire bouillir l'eau et à réchauffer les tasses. Les dégustateurs de thé se mettent par terre, sur des nattes ou au tour d'une tablette en bois naturel fabriquée par le patron du salon.
Chaque soir, de 150 à 200 personnes environ s'y rendent pour déguster du thé. Ils sont pour la plupart étudiants. Les habitués connaissent par cœur l'agenda du service : lundi pour le thé au lotus, mardi le thé au jasmin, mercredi le thé au chrysanthème. Le Vieillard est une des trois adresses de dégustation de thé connues à Hanoi (Danh trà et Truong Xuân).

Thanh Tu/CVN ( 07/04/06 )  

Nouveau Envoyer à un ami