A Ho Chi Minh, ville de près de 10 millions d'habitants, et presque autant de mobylettes, il y a environ 100 accidents graves de la circulation par mois. Les statistiques officielles font état de 2 morts par jour contre 30 sur tout le Vietnam. En 2010, il y a eu ainsi 788 morts sur les routes de Ho Chi Minh, et avec l'accroissement du trafic routier et l'augmentation du nombre de voitures, ce chiffre est sans doute amené à augmenter dans les années à venir.
Il existe bien un système de ramassage des blessés par ambulances, mais celui-ci ne parvient à couvrir qu'une faible part des besoins. Ainsi le numéro d'urgence 115 n' a reçu que 6000 appels au cours de l'année 2010. Il existe bien un genre de SAMU mais ses capacités sont largement insuffisantes par rapports aux besoins énormes d'une telle population. Une étude réalisée en 2009 à l'hôpital Franco-Vietnamien avait montré que sur l'ensemble des personnes arrivées en arrêt cardiaque à l'hôpital, seul 17% d'entre elles avaient bénéficié d'un transport par ambulance. Les autres avaient toutes été transportées à l'arrière d'un taxi.
Une réflexion est en cours au niveau des autorités pour mettre en place un système plus efficace, permettant de prendre en charge toutes ces victimes dans un délai raisonnable (idéalement en moins de 20 minutes). Deux modèles existent dans les pays développés. D'un coté le système des "paramedics" américains, de l'autre le système des SMUR français (ambulance médicalisée). Ces deux systèmes ont chacun des avantages et des inconvénients, mais l'un comme l'autre permettent de sauver des vies.
Au Vietnam, quel que soit le système adopté, il faudra sans doute plus de 10 ans pour arriver à mettre en place un système efficace de prise en charge des blessés sur la voie publique. En attendant, les taxis continueront encore longtemps à transporter ces victimes vers l'hôpital le plus proche. Ce système est beaucoup critiqué car il place les victimes entre les mains de personnes non formées aux gestes de secourisme et non qualifiées pour la prise en charge des blessés.
Mais ce système a le mérite d'exister. Il repose sur un constat évident: il y a des taxis partout dans Ho Chi Minh, pouvant intervenir rapidement en moins de 10 minutes. Ce réseau est de plus coordonné via des liaisons radio centralisées vers un standard unique. Les deux plus grosses sociétés de taxi de la ville comptent environ 2000 véhicules chacune. Vingt fois plus que la centaine d'ambulance qui existerait sur la ville. Il suffirait donc de former les chauffeurs de taxis à la prise en charge des blessés et d'équiper chaque taxi avec un minimum de matériel de premier secours (attelles, collier cervical, pansement). Des formations pratiques et courtes de 3 heures permettraient de former ces chauffeurs afin qu'ils puissent transporter ces victimes sans risque d'aggraver d'éventuelles lésions.
Ce projet proposé par l'AFRAVIETMUR (http://blog.afravietmur.com), a été présenté récemment lors du congrès de médecine d'urgence pré-hospitalière à l'hôpital Trung Vuong le 10 novembre dernier. Il a fait l'objet d'un article paru le lendemain dans le journal Tuoi Tre. Cette solution originale, même si elle n'est pas idéale, permettrait de sauver de nombreuses vies en attendant qu'un réel système préhospitalier efficace voit le jour.