La guerre du litchi: le Vietnam ne veut plus dépendre de la Chine

Vous êtes ici : Dossiers » Economie » La guerre du litchi: le Vietnam ne veut plus dépendre de la Chine

Economie

La guerre du litchi: le Vietnam ne veut plus dépendre de la Chine

La guerre du litchi: le Vietnam ne veut plus dépendre de la Chine
Agrandir le texte
Réduire le texte
Imprimer
Envoyer à un ami

Des ouvriers conditionnent soigneusement une gigantesque pile de litchis dans une usine du nord du Vietnam. Destination: la Chine, gros marché pour les producteurs vietnamiens, las de l'impact sur leurs ventes des tensions diplomatiques avec Pékin.


"La Chine est de loin notre marché le plus important", explique Tran Van Sang, un grossiste en fruits de 42 ans. Son entrepôt se situe au nord de Hanoï, à Luc Ngan, coeur de la région de production des litchis, dont la saison s'achève bientôt.
Environ 60% de la production vietnamienne de litchis est exportée en Chine, avec une marge importante de fluctuation en fonction des disputes entre les deux frères ennemis communistes.
L'année dernière, le pic de la production est tombé en plein milieu d'une bataille navale entre Pékin et Hanoï autour de zones que les deux pays se disputent en mer de Chine méridionale.


"Nous avions une production exceptionnelle, mais les acheteurs chinois ne sont jamais venus" et des montagnes de ce fruit originaire à la fois du Nord du Vietnam et du Sud de la Chine se sont retrouvées à pourrir, se désole Sang.
La Chine est de façon générale le premier partenaire commercial du Vietnam. Et leurs relations, parfois orageuses, n'empêchent pas le commerce et les investissements.
Cependant, pour certains secteurs comme le tourisme ou les cultures maraîchères, les conséquences peuvent être dramatiques.
Cette année, les exportations de litchis sont encore menacées, alors que Pékin s'est lancé dans d'énormes opérations de remblaiement dans l'archipel des Spratleys, transformant des récifs coralliens en ports et en infrastructures diverses, au grand dam d'Hanoï.
Pour l'heure, les acheteurs chinois sont de retour à Luc Ngan, avec des exportations en hausse de 50% par rapport à la même période de 2014, avec 40.000 tonnes de litchis déjà expédiés sur le marché chinois, selon les chiffres officiels du ministère de l'Agriculture.


Mais après leurs mésaventures de 2014, certains ont commencé à démarcher des marchés plus sûrs.
- Australie et Etats-Unis, marchés alternatifs ? -

Pour la première fois cette année, le litchi vietnamien a aussi été exporté en Australie et en Amérique. La quantité reste faible par rapport aux 40.000 tonnes chinoises, avec seulement 35 tonnes pour les deux pays.
Mais pour les experts, cela marque une étape importante.
A condition d'améliorer la qualité de ses fruits et de respecter les normes sanitaires en vigueur aux Etats-Unis et en Australie, après de récents scandales sanitaires liés à l'usage intensif de pesticides, "le Vietnam pourra percer dans l'exportation de litchis dans les années qui arrivent", assure Mai Xuan Thin, PDG de Red Dragon, gros exportateur de fruits, du litchi à l'ananas.
Pour l'Australien Alex Alexopoulos, le litchi vienamien, expédié directement en avion vers les supermarchés de Melbourne, est une alternative rentable par rapport à leur acheminement en camion depuis les exploitations de litchis du nord de l'Australie.
"Cela va beaucoup plus vite de recevoir des fruits provenant du Vietnam. Les faire voyager du nord au sud de l'Australie prend environ quatre jours en camion", assure-t-il à l'AFP.  


La guerre du litchi: le Vietnam ne veut plus... par lexpress-actu

Le Vietnam s'illustre déjà dans l'exportation de café, de riz et de poisson vers les marchés mondiaux.

Pour l'heure, il n'est que le huitième exportateur de fruits d'Asie, après la Chine, la Thaïlande et l'Inde, la majorité de sa production étant destinée à son marché intérieur. Mais les exportations de fruits sont déjà passées de 260 millions de dollars en 2011 à 610 millions en 2014.

Le gouvernement vise le double à l'horizon 2020, grâce aux litchis essentiellement, mais aussi à d'autres fruits exotiques comme le fruit du dragon.
Trouver de nouveaux débouchés pour les fruits vietnamiens s'inscrit dans un souci plus large d'une moindre dépendance vis-à-vis de Pékin, souligne le professeur Nguyen Van Tuat, vice-président de l'Académie des sciences agricoles.
"Le Vietnam doit diversifier ses lieux d'exportations pour être plus actif et plus rentable économiquement", dit-il, invoquant les perspectives bientôt ouvertes par le Partenariat transpacifique (TPP), un important accord de libre-échange.
Nguyn Huu Dat, du ministère de l'Agriculture, souligne que les importateurs australiens et américains payent mieux que leurs homologues chinois, de l'ordre de 20% de plus.
Nguyen Thi Nhi, un cultivateur de 56 ans de la province de Thanh Ha, dans le nord du pays, confie son espoir d'améliorer les revenus de sa famille en vendant ses litchis à des clients australiens plus fiables et meilleurs payeurs que les chinois.
"Actuellement, ma famille gagne 20 millions de dong (850 euros) par an. Avec ces nouveaux marchés, nous espérons gagner 50 ou 60 millions de dong par an", dit-il.

AFP

Nouveau Envoyer à un ami