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Poussière d'empire

samedi 20 Septembre 2014 de 15:00 à 17:00
Cinéma - En France
Poussière d'empire

en compétition officielle au Festival de Venise 1983
avec Dominique Sanda, François Stevenin, Hoang Lan, Thang Long et Yann Roussel
copie 35mm, son Stéréo, durée 1h43mn
Samedi 20/09/2014 15h Salle Franju
Cinémathèque Française
Adresse : 51 Rue de Bercy, 75012 Paris
En 1954, pendant la guerre d'Indochine, un prisonnier vietnamien confie à un enfant un message pour sa jeune femme enceinte. Mais il se passera 25 ans avant que celui-ci, passé de main en main, lui parvienne à Paris, où elle habite désormais. Leur fille revient au Vietnam décidée à refaire l'extraordinaire itinéraire de ce papier dispersé au fil des drames et des souffrances de son pays natal.
Ils en ont parlé:
" A travers le lent vovage d'un message d'amour, Lê Lâm brosse vingt ans de l'histoire écorchée de son pays. Si la première partie du film, le temps de la coloniale, représenté par la cohabitation malaisée des deux Français et de quelques Vietnamiens, est extrêmement découpée, ce qui a pour effet d'accroître la sensation d'étouffement et de panique, les deux derniers tiers de l'oeuvre sont essentiellement faites de plans larges. C'est en tenant ses personnages à distances, dans des paysages étrangers ou hostiles, que Lâm Lê parvient à communiquer le sentiment de stupeur des Vietnamiens que les dévoiements de l'Histoire ont contraint à la diaspora.
Quelques plans lui suffisent pour faire ressentir les premières amertumes de l'exil. La jeune Vietnamienne regarde la mer à travers le hublot d'une cabine. Plus tard, elle scrute le paysage français à travers la vitre du train qui la mène vers Paris. C'est tout et ça glace le coeur. Ne disposant pour réaliser sa fresque que d'un budget restreint, il a dû user de subterfuges. Ainsi, pour montrer le passage des années, se contente t-il de pointer sa caméra sur une radio : publicités et commentaires politiques changent de style toutes les dix secondes pour arriver à ceux en vogue dans les années soixante-dix. Lâm Lê semble du reste avoir le culte des objets révélateurs d'une mode et d'une culture. Une tête d'angelot apparaît soudain dans la vase, parée de toute la beauté de l'art chrétièn.
(...) Poussière d'empire, (...) est imprégné d'une poésie dont le cinéma français a égaré le secret. Cette poèsie, le réalisateur semble la trouver dans sa passion viscérale et sans espoir pour son pays, et dans sa compassion pour ses compatriotes condamnés à la nostalgie. "
Joshka Schidlow, 14/10/1983, Télérama
" Imprégné de sa culture d'origine et de l'histoire de son pays, mais également au fait de toutes les recherches en matière de modernité occidentale. Comme son auteur, l'oeuvre est inclassable, rappelant beaucoup de choses, n'en imitant aucune, toujours un pas de côté de ce que l'on peut prevoir, étrange, irrritante, presque grotesque. Comme si, de la cacophonie d'un orchestre où chaque musiciens s'accorde avant le concert, naissait soudain la mélodie dans la plus étonnante des lumières car l'image est belle, très belle. Avec un culot qui surprend, Lâm Lê tente toutes les expériences et fait souvent mouche. Il ne faut pas manquer ce film qui possède a plus grande des qualités, celle d'échapper au conformisme."
20/10/1983, Révolution
" Deux films en un, un film en deux temps, symphonie abrégée d'un demi-siècle de la (re)naissance vietnamienne en deux mouvements distincts.
7/10/1983, L'Humanité Dimanche
" ... un saisissant poème en image ponctué d'ellipses qui sont autant de sauts dans le temps et dans l'espace. Autrement dit, un film plein de bruit, de fureur, de silence, de méditation, où l'Histoire et la légende simbriquent l'une dans l'autre, de même que la fiction et quasi-reportage, la politique et la cosmogonie. la théâtralité et te réalisme...
7/10/1983, Les Nouvelles Littéraires
" Le cinéma de Lâm Lê n'est pas fondé sur une identification psychologique aux personnages ou sur le mouvement d'une conscience, mais sur le développement interne, logique d'une situation, sur une connivence toute métaphysique des signes et des choses, un ordre mathématique du monde et puisque le monde est chiffré, il ne peut se restituer qu'à trayers un code.
Yann Lardeau, 07/10/1983, Cahiers du Cinéma