Le plus grand musée du café au monde est vietnamien

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Le plus grand musée du café au monde est vietnamien

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Le plus grand musée du café au mondeLe Vietnam a su vendre son café

Le plus grand musée du café au monde

Inauguré début 2011 à Buôn Ma Thuôt, chef-lieu de la province de Dak Lak, le Musée mondial du café Trung Nguyên est rapidement devenu une destination incontournable pour les amoureux de ce précieux breuvage.

Le Musée mondial du café Trung Nguyên est implanté dans le village de café de Trung Nguyên, créé par la fameuse compagnie de café éponyme, implantée à Buôn Ma Thuôt, chef-lieu de la province de Dak Lak, l’une des cinq provinces des hauts plateaux du Centre.

Un coin du Musée mondial du café Trung Nguyên. Photo : Truong Giang/CVN

«Dès le début, l’idée de construire un musée du café à Buôn Ma Thuôt nous a emballé, moi-même et le vice-président du Musée international du café Ama Galla. D’autant plus qu’il s’agissait d’un projet plus vaste, celui de faire de Buôn Ma Thuôt la capitale mondiale du café, a informé le professeur Nguyên Van Huy, ex-directeur du Musée de l’ethnographie du Vietnam. Il existe de nombreux musées de café ailleurs dans le monde, par exemple au Brésil, en Colombie, en Éthiopie, en Allemagne, en Grande-Bretagne, au Japon... mais celui-ci, bien que récent, est le plus important et le plus original».

Une collection impressionnante

Photo : Truong Giang/CVN

S’étendant sur plusieurs hectares, ce musée se divise en plusieurs secteurs. Certains racontent l’histoire du café dans le monde, d’autres ses zones de culture, d’autres encore les techniques de culture et de transformation, les manières de production, de préparation et de consommation à travers les époques et de par le monde. Bref, une vue complète du sujet.

Le musée gère une extraordinaire collection de plus de 10.000 objets venant des quatre coins du monde. Elle appartenait à Jens Burg, un Allemand passionné par tout ce qui a trait de près ou de loin au café, et qui, convaincu par le projet de la compagnie Trung Nguyên, a décidé de la céder. On y trouve notamment un vieux mortier originaire d’Éthiopie destiné au broyage des grains de café, des récipients à café en bronze ou en argent datant de 1.700 av. J.-C., des sacs en peau de chèvre pour conserver le marc chaud et, surtout, un grand nombre de cafetières provenant d’époques et de lieux différents. Sans oublier les services à café qui, selon un expert, «dévoilent l’art de la dégustation du café à travers les époques».

Photo : Truong Giang/CVN

Jadis, le café était une boisson de luxe dont la consommation ne sortait guère de la classe aristocratique. Comme preuve : tous les objets (boîtes à café et à sucre, cafetières, bouilloires, tasses, cuillères…) sont des plus raffinés.

Un breuvage autrefois aristocratique

«Ce vieux trébuchet de fabrication grecque qui servait à peser le café en dit long sur la rareté des grains à cette époque-là», explique Phan Thi Thuong, une guide du musée. Pointant du doigt un beau service à café en bronze sculpté de fins motifs, elle révèle qu’il date du XVIIIe siècle et qu’il vient de Turquie. «Comme les Arabes, les Turcs avaient l’habitude de consommer le café avec son marc. C’est pour cette raison que les cafetières étaient souvent de grande taille».

Photo : Truong Giang/CVN

Le musée a réservé par ailleurs un grand espace pour de plus gros objets tels que fours de torréfaction, moulins à café, cafetières électriques ou à gaz, bouteilles thermos... datant du début du XXe siècle.

Le secteur destiné à la collection sur l’Asie abrite notamment de jolies cafetières en céramique du début du XIXe siècle. On remarque aussi des cafetières en aluminium ou en étain, diversifiées en taille et en forme. Certaines sont simples d’aspect, ressemblant aux filtres utilisés de nos jours. «Cela montre que la consommation du café s’est popularisée au fil du temps», explique la guide.

Le secteur dit «autochtone» présente des outils des paysans des hauts plateaux du Centre, dont des hottes pour la cueillette des grains, des séchoirs, des décortiqueuses…

Le Musée mondial du café Trung Nguyên abrite aussi un musée des variétés de café, et un autre de la culture des hauts plateaux du Centre (Tây Nguyên).

Le caféier dans les hauts plateaux du Centre

Le caféier a été introduit dans les hauts plateaux du Centre il y a une centaine d’années par les Français. C’est sur ce terroir au sol basaltique que le café vietnamien tire sa saveur à nulle autre pareille, permettant au pays d’être, depuis une dizaine d’années, le 2e exportateur mondial. Ses plantations couvrent actuellement 178.000 ha, principalement de la variété Robusta Coffea canephora.

  Nghia Dàn/CVN

Le Vietnam a su vendre son café

Agriculture. En vingt ans, le pays est devenu le second producteur mondial, derrière le Brésil

Les paysans des Hauts-Plateaux du Vietnam ne savent pas tous ce qu'est un cappuccino ou un « double latte ». Mais ils surveillent en temps réel le cours de la petite graine qui les compose, plus d'un siècle après son introduction par le colonisateur français.
Des cours mondiaux reçus en temps réels par SMS aux systèmes d'irrigation israéliens ultra-perfectionnés, le café vietnamien s'est hissé au sommet du marché mondial en l'espace de 20 ans, notamment via l'exploitation de cette vaste région du centre du pays.
« J'avais l'habitude de porter mon café au marché à vélo, raconte Ama Diem, agriculteur de 44 ans. Maintenant, je vérifie le prix du grain sur mon téléphone portable ». En envoyant « CA » au 8288 depuis n'importe quel mobile, les paysans reçoivent instantanément le prix du robusta à Londres et celui de l'arabica à New York. Une nécessité pour la seconde matière première la plus échangée dans le monde après le pétrole, dont les cours peuvent fluctuer très rapidement.



« Nous n'apportons le café au marché que lorsque nous sommes sûrs d'obtenir un prix élevé », explique Diem dans sa plantation à l'extérieur de Buon Ma Thuot, capitale vietnamienne du café. « Nous vérifions beaucoup les prix ».
Les cultivateurs du pays communiste ont révolutionné le marché, passant entre 1980 et 2000 de 0,1 % à 13 % de la production mondiale, un bond accusé d'être en partie responsable de la chute des cours dans les années 1990.
Ce développement ne s'est pas fait sans heurts. De nombreux villages de minorités ethniques de la région ont perdu leurs terres, devant renoncer à une agriculture extensive et parfois à la culture sur brûlis pour céder la place à des plantations industrielles.
Des manifestations ont été réprimées dans les années 2000. Mais l'objectif a été atteint : des géants comme Nestlé sont devenus des clients incontournables du désormais deuxième producteur mondial. Le Vietnam et sa terre volcanique restent considérés comme un fournisseur de quantité plus que de qualité : son amer robusta peine à convaincre les amateurs d'expresso de par le monde, et s'exporte surtout sous la forme de grains bruts.
« Le Vietnam est un phénomène formidable », s'enthousiasme pourtant Jonathan Clark, directeur général de l'exportateur Dakman, décrivant un « bond » des exportations l'an dernier qui a presque permis au Vietnam de rivaliser avec le Brésil, numéro un mondial.
En 2012, le Vietnam a exporté 1,73 million de tonnes de café pour une valeur de 3,67 milliards de dollars. Soit plus de la moitié du robusta de la planète, utilisé principalement pour le café instantané et autres mélanges.
Alors que la demande en Occident stagne, les torréfacteurs lorgnent aussi sur une main-d'œuvre bon marché et des exportations non taxées pour développer leur présence en Asie où la consommation est à la hausse, selon Clark.
Avec l'émergence d'une nouvelle classe moyenne et une culture du café bien ancrée, le Vietnam est source « d'opportunités immenses », souligne par ailleurs Jinlong Wang, président de Starbucks en Asie-Pacifique.
Le géant américain, qui a ouvert son premier point de vente en février à Ho Chi Minh-Ville (sud), en espère bientôt une centaine même si certains promettent une concurrence acharnée des petits cafés de rue, véritables institutions de la vie sociale. Reste à convaincre les consommateurs du reste du monde, habitués à l'arabica à 1,5 % de caféine, de passer au robusta à 2,5 %. Une tâche dont s'est investi le « roi du café » vietnamien, Dang Le Nguyen Vu.
« Le robusta n'est pas de moins bonne qualité », assure le fondateur du géant Trung Nguyen, qui possède 55 points de vente au Vietnam et 5 à Singapour, et exporte dans 60 pays.
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« Plus de la moitié du robusta de la planète »

L'Union , L'Ardennais ( avril 2013)

 

 

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