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L'agent orange au Vietnam, ce poison, sa bataille (de Mme Yran To Nga)

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Près de quarante ans après la fin de la guerre du Vietnam, une Française d'origine vietnamienne engage des poursuites contre des géants de la pétrochimie. Elle les accuse d'avoir produit l'agent orange, un défoliant très toxique déversé par l'aviation américaine et qui, aujourd'hui encore, fait de nombreuses victimes.

Cette femme ment. Par humilité, d'une voix douce et sincère, mais elle ment. "Au regard de celle de millions de Vietnamiens, mon histoire est banale", assure-t-elle d'emblée. N'allez pas la croire : c'est faux. Il n'y a rien de banal à grandir dans un pays en guerre, à connaître la jungle et les bombes, la prison et les coups. Rien de banal, non plus, à se lancer seule, à 72 ans, dans le combat d'une vie : assigner en justice 26 sociétés américaines de pétrochimie. Des puissants, riches à milliards, accusés d'avoir autrefois fabriqué l'agent orange, un désherbant aux effets dévastateurs sur la végétation et les populations. 

Tran To Nga, Française d'origine vietnamienne, ne sait pas trop où ce défi la conduit. Encore moins si son corps en souffrance aura la force de le relever. Mais elle s'y prépare, avec toute son énergie de mère et de grand-mère, dans sa paisible maison de la banlieue sud de Paris. De son passé de journaliste (1966-1974) puis de directrice d'école (1975-1992), elle a gardé un côté "tête de mule", comme elle dit, et un sens aigu de l'organisation.  

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Dossiers, témoignages, photos... les pièces à conviction de Tran To Nga sont prêtes.

Dossiers, témoignages, photos... les pièces à conviction de Tran To Nga sont prêtes.

© JPGuilloteau/L'Express

Si la justice veut des preuves, ses dossiers sont prêts, sur la table de la salle à manger. A droite, les expertises, les textes savants pour dire combien ce défoliant que l'armée américaine déversait par avions entiers était beaucoup plus dangereux qu'on ne le croyait à l'époque. A gauche, les albums photo, qui donnent des visages, une chronologie à ce drame hors d'âge. 

D'un cliché à l'autre, sa vie défile. La naissance, dans le delta du Mékong, en mars 1942. L'enfance, à Saigon, auprès de sa mère enseignante, mais sans son père, officier de l'armée française trop vite décédé. Les études, largement francophones, au lycée Marie-Curie. Puis la jeunesse rebelle dans un pays alors déchiré entre un Nord communiste et un Sud soutenu par l'Amérique de Kennedy. 

Les soldats américains eux-mêmes ignoraient les dangers de l'agent orange

Au milieu des années 1960, Nga ("cygne" en vietnamien) achève sa formation de chimiste à l'université de Hanoï (Nord) et s'engage, comme sa mère et son beau-père avant elle, dans le combat pour la "libération" du Sud. Avec des centaines d'autres jeunes communistes, elle part à pied rejoindre les rangs de la résis -tance. Ils remontent ainsi 1000 kilo mètres de pistes boueuses, de sentiers forestiers, dans un paysage de montagnes et de hauts plateaux. Quatre mois à dormir sous la tente, à se nourrir de riz ou de feuilles glanées en route, à redouter les patrouilles et les hélicoptères ennemis. 

Parvenue au sud en 1966, Nga se retrouve en pleine jungle, au coeur d'une base arrière de la résistance où des centaines de personnes vivent sous des paillotes. Son profil d'étudiante débrouillarde et cultivée lui vaut alors d'être promue reporter de guerre pour l'agence de presse du Front national de libération du Sud-Vietnam. Plus tard, elle dirigera aussi la chorale du camp et se mariera avec un cadre du service des "affaires étrangères". 

Un matin, Nga entend qu'un avion survole le secteur. Sortant de sa tanière, elle le voit larguer sur la forêt une sorte de poudre. "J'ai commencé à tousser, à me gratter, se souvient-elle. Nous avons ensuite compris qu'il s'agissait d'un désherbant, mais sans imaginer à quel point il pouvait être nocif. Les soldats américains eux-mêmes ignoraient les dangers encourus." Une douzaine de témoins confirment que Nga a bien été exposée à plusieurs reprises à ces produits. 

L'un d'eux parle de "pluies chimiques", un autre de "brouillard" suffoquant. En fait, l'US Army cherche à détruire les zones de végétation luxuriante où se cache l'ennemi. Elle veut le priver d'abri et de nourriture, le contraindre à se découvrir ou à se terrer dans les tranchées. Les avions, semblables à des Canadair, passent et repassent, à basse altitude, sur les secteurs suspects, traînant dans leur sillage de longs nuages de produits toxiques. Le plus puissant, surnommé "agent orange" en référence à la couleur des fûts, est utilisé depuis 1965. Les sociétés pétrochimiques le fabriquent dans des quantités gigantesques, en négligeant les précautions d'usage. Résultat : la teneur en dioxine (l'élément le plus dangereux) est beaucoup trop élevée. Les effets sur la nature sont radicaux. Sur l'homme aussi. 

Un combat "sans haine ni esprit de revanche"

Le 30 juin 1968, quand Nga met au monde une petite fille baptisée Viet Haï, elle s'aperçoit vite que l'enfant est en mauvaise santé. Son poids stagne, son coeur est faible, sa peau si fragile qu'elle part en lambeaux. Incapables d'identifier l'origine de ses maux, les médecins ne peuvent la sauver : Viet Haï meurt à l'âge de 17 mois. "Pendant des années, j'ai culpabilisé, confie sa mère. Je me reprochais d'avoir été négligente, de vivre dans de mauvaises conditions d'hygiène. Comme tant d'autres victimes, je n'imaginais pas que tout cela était dû aux poisons venus du ciel." 

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Tran To Nga, en 1982, avec ses deux autres filles, nées dans le maquis et en prison.

Tran To Nga, en 1982, avec ses deux autres filles, nées dans le maquis et en prison.

© Collection particulière/Service de presse

Dans les années suivantes, Nga donne naissance à deux autres filles. La première naît en 1971 dans la jungle. La seconde voit le jour en 1974, alors que la jeune femme est emprisonnée au Sud-Vietnam. Après la guerre, elle les élèvera seule, séparée de son mari, et s'orientera vers une belle carrière de directrice d'école. Une fois à la retraite, elle partagera son temps entre ses deux pays, le Vietnam et la France, travaillant sans cesse à leur rapprochement.

En 2004, la Légion d'honneur lui est décernée en hommage à son oeuvre de mémoire au service des victimes et des anciens combattants de la guerre d'Indochine. 

La voici maintenant lancée - "sans haine ni esprit de revanche" - dans une bataille judiciaire contre les géants américains de la pétrochimie. Les chiffres, à eux seuls, donnent la nausée : au cours de la guerre (1961-1975), 80 millions de litres de divers produits nocifs ont été épandus sur le pays. A lui seul, l'agent orange représenterait environ 60 % de ce total. A certains endroits, il a détruit la végétation. A d'autres, au contraire, il a dopé les hautes herbes et donné aux fruits, en particulier aux ananas, des formes bizarroïdes. Un peu partout, la dioxine s'est infiltrée durablement, les sols et les nappes phréatiques ont été contaminés, l'ensemble de la chaîne alimentaire a été empoisonnée pour des années. 

Aux Etats-Unis, il a fallu beaucoup de temps et bien des expertises pour que les autorités prennent la mesure des ravages ainsi provoqués sur leurs propres troupes. Nga, elle, sait depuis 2012 que son corps en porte les stigmates sous la forme de multiples nodules. Et comprend enfin pourquoi ses filles présentent d'inquiétantes pathologies. L'aînée, installée en Australie, est atteinte de l'alpha-thalassémie, une maladie du sang. La plus jeune, styliste aux Etats-Unis, souffre de chloracné, une maladie de la peau. Même leurs enfants semblent fragiles. "Le mal se transmet et s'aggrave au fil des générations", constate Tran To Nga. 

Une quinzaine de pathologies, dont plusieurs cancers

L'assignation que son avocat, MeWilliam Bourdon, a déposée devant le tribunal de grande instance d'Evry (Essonne) énumère les maladies que l'administration américaine ellemême impute à la dioxine de l'agent orange. Une quinzaine de pathologies, dont plusieurs cancers (prostate, poumon, larynx...), sont mentionnées, ainsi qu'une vingtaine de malformations congénitales. Au terme d'une longue bataille, les anciens combattants de l'US Army ont obtenu, à partir de 1984, le versement d'indemnités.  

Les civils vietnamiens ont bien tenté de se plaindre, eux aussi, mais les offensives diplomatiques puis juridiques menées aux Etats-Unis sont demeurées vaines. L'appui des vétérans, solidaires de l'ennemi d'hier, n'a pas suffi. Quelques aides financières ont bien été promises, des travaux de décontamination, entrepris ici ou là, mais le chantier est immense et les victimes, de tous âges, se compteraient par millions, selon les autorités locales. 

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Un enfant victime de la dioxine, quarante ans après la fin du conflit. Guerre du Vietnam.

Un enfant victime de la dioxine, quarante ans après la fin du conflit. Guerre du Vietnam.

© Collection particulière/Service de presse

En engageant des poursuites en France, Tran To Nga essaie donc d'ouvrir une brèche. "C'est une démarche réfléchie, longuement préparée, indique Me Bourdon. En tant que citoyenne française, ma cliente est recevable à poursuivre ces sociétés qui ont toujours su organiser leur irresponsabilité juridique dans ce drame éternel. Elle peut obtenir réparation à titre individuel et ouvrir ainsi la voie à d'autres démarches, à l'étranger cette fois, pour les civils vietnamiens."  

Monsanto et Dow Chemical mises en cause

L'assignation, partie de Paris au début de mai, a été délivrée aux 26 compagnies concernées, parmi les lesquelles Monsanto et Dow Chemical. Pour Tran To Nga et ses soutiens, elles ne pouvaient ignorer la dangerosité de ces défoliants. En réponse à ces attaques, Dow et Monsanto affirment avoir juste honoré les commandes impératives du gouvernement américain. A les entendre, rien ne prouve que les maladies diagnostiquées sont imputables à leurs produits. 

Si la justice permet un jour à la septuagénaire de leur répondre devant un tribunal, elle commencera sans doute par ouvrir à nouveau son album photo. Dans les dernières pages, bien après les clichés sépia des années de lutte, figure une série de visages d'une humanité saisissante. Des jeunes, garçons et filles, lourdement handicapés, mais souriants. Certains présentent des corps difformes, des bras minuscules, des pieds atrophiés. Nga leur rend visite quand elle retourne au Vietnam.  

A l'An Phuc (le matin calme), l'une des structures d'accueil mises en place à travers le pays, ils exercent diverses activités, dont le chant. Ils fabriquent aussi, avec une dextérité stupéfiante, de jolies fleurs en plastique. "Il ne faut pas les regarder avec pitié, prévient-elle, plutôt de la compassion, dire leur courage, leur dignité. Mon rêve serait de monter une école de formation professionnelle. Une fois ma génération partie, qui s'occupera des suivantes? Qui prendra en charge les enfants et petits-enfants de paysans? Voilà pourquoi je me bats."

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/l-agent-orange-au-vietnam-ce-poison-sa-bataille_1548303.html


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Faire un don pour soutenir le procès

Appel en soutien au procès de Nga contre Monsanto, Dow Chemical, et consorts, fabricants de l'Agent Orange.

Bonjour à toutes et tous, responsables d’associations, adhérentes et adhérents, particuliers, Nous sommes très touchés de l'élan de solidarité qui accompagne le combat de Mme Tran To Nga pour mener à bien le procès contre les 26 compagnies multinationales chimiques (dont Monsanto et Dow Chemical) ayant fabriqué l’Agent Orange. Nga dit  : "Ce n'est pas seulement pour moi mais surtout pour toutes les victimes de l'Agent Orange." À cet instant elles sont 4 millions au Viêt Nam.Nga engage une longue bataille, coûteuse car ici aussi « l'argent est le nerf de la guerre ». La première étape a été l'assignation par voie de parquet diplomatique, dont le coût en frais réels se chiffre en dizaines de milliers d'euros comprenant, entre autres, frais d’huissiers français auxquels s’ajoutent ceux de leurs homologues états-uniens aussi nombreux qu’il y a de compagnies mises en cause afin de notifier l’assignation, débours conséquents de traduction de centaines de pages, temps passé par le cabinet W. Bourdon-Forestier et collaborateurs-trices qui ont accompli un long travail de montage, etc.. Grâce à la solidarité de petits groupes formant un Collectif, la première tranche a été réunie in extremis, éloignant ainsi le risque de tomber sous le coup de la prescription. Les richissimes sociétés américaines se sont constituées, représentées par les plus grands cabinets d'avocats de la place de Paris. Elles vont soumettre leurs contre arguments à l'audience du 16 avril 2015. Il faudra y répondre et ce sera de nouveau un long travail, de nouvelles traductions puisqu'après chacune des audiences de mise en état il conviendra d'apporter de nouvelles preuves aux contre arguments dilatoires des parties adverses qui, depuis longtemps, organisent leur irresponsabilité. Ne pas confondre l'aide à Nga avec mendicité, il s’agit d’un acte de solidarité et de citoyenneté. Un acte de justice. Naturellement, les adversaires seront implacables voire féroces (Dow Chemical avait un chiffre d’affaire plus élevé que le PIB du Viêt Nam il y a encore peu de temps), et si par justice ils venaient à être condamnés, ils feront appel. Alors des frais reviendront (moindres toutefois). Afin de soutenir Nga, vous pouvez selon vos moyens donner 5, 10, 20, 50, 100 euros, ou un montant libre. Paiement par PayPal dans lr lien ci-dessous en bas de la page ! Pour les personnes qui souhaitent bénéficier du reçu permettant une réduction d'impôt de 66% du don pour les particuliers, et 60% pour les entreprises - permettant parfois de donner davantage - voici le lien de l’Association Orange DiHoxyn :  www.orange-dioxin.com où votre don peut être effectué en y utilisant aussi PayPal ou bien en faisant un chèque. Dans les deux cas, précisez que votre don est destiné au "Procès Nga".

Si vous faites un chèque libellez-le à l'ordre de Orange DiHoxyn et adressez-le à : Orange DiHoxyn, 19 rue Daniel Pongérard, 97419 La Possession, La RéunionN'oubliez pas de mentionnez votre adresse postale ou électronique pour l'envoi du reçu fiscal. Merci de partager et d'élargir cet appel vers vos ami(e)s et contacts. Soyez assurés de la reconnaissance de Nga pour votre soutien précieux, indispensable. André Bouny**Pt. du "Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l'Agent Orange" fondateur de "D.E.F.I. Viêt Nam" ;  auteur de "Agent Orange, Apocalypse Viêt Nam", et "Cent ans au Viêt Nam".

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Ma devise : Ne par prévoir, c'est déjà gémir ! Et Science sans Conscience n'est que Ruine de l'âme !
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