Nouvel éclairage sur l’ancienne écriture vietnamienne

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Nouvel éclairage sur l’ancienne écriture vietnamienne

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Le professeur Lê Trong Khanh a apporté un nouvel éclairage sur l’ancienne écriture vietnamienne, c’est-à-dire celle d’avant l’acculturation chinoise. Cette forme d’écriture idéogramme primitive a été dénommée «Khoa-dâu-tu» (l’écriture dont la forme ressemble à des flammes).

Les mythiques rois Hùng (rois fondateurs du pays il y a 4.000 ans) ont régné sur le pays Van Lang (ancien nom du Vietnam) devenu Âu Lac sous les Thuc, puis Nam Viêt sous les Triêu. Ce fut la civilisation de Dông Son avec les célèbres tambours de bronze aux techniques assez avancées. Le Nam Viêt (futur Vietnam) fut envahi par les Han (Chinois) en 111 av. J.-C. La présence chinoise au Vietnam devrait durer près de dix siècles pendant laquelle la culture, l’organisation sociale, la philosophie chinoises furent imposées durablement.

Après la libération du pays en 939, l’écriture chinoise a continué d’imprégner largement cette terre. Elle a été utilisée dans l’enseignement, aux concours de magistrats, dans les écrits royaux et dans les documents administratifs.


Le prof. Lê Trong Khanh et ses ouvrages de recherche sur l’ancien script Viêt - Photo : QDND/CVN
 

 Certains chercheurs sont à la recherche d’une ancienne graphie pour la langue vietnamienne, celle d’avant l’acculturation chinoise. Le plus renommé d’entre eux est le professeur Lê Trong Khanh. Pour la première fois, un livre destiné au grand public a été publié, en 2010, par les Éditions de l’Encyclopédie. Il s’intitule «Phat hiên hê thông chu Viêt cô thuôc loai hinh khoa dâu» (Découverte de l’ancien système d’écriture Viêt). Les images sur les tambours, les haches en bronze montrent qu’il est probable que les anciens vietnamiens ont utilisé un nombre de signes conventionnels pour écrire leur langue. Cette forme d’écriture idéogramme primitive a été nommée «Khoa-dâu-tu».

À la recherche d’une ancienne graphie

Afin d’établir solidement leur administration au Vietnam, les dynasties chinoises ont enlevé au fur et à mesure tous les livres et documents en vietnamien, qu’ils soient écrits sur papier, gravés sur pierre ou imprimés. Parallèlement, ils ont forcé les Vietnamiens à apprendre et à utiliser le chinois partout dans le pays (en commençant par la classe des lettrés, des mandarins...) Bref, la sinisation totale. Il est donc normal que les traces de l’ancienne graphie du Vietnam ait disparu aujourd’hui. Les chercheurs les plus optimistes s’appuient désormais sur les objets retrouvés par leurs camarades archéologues en particulier les décorations sur les tambours en bronze d’une époque reculée.

 La récente découverte d’une forme écriture qui ressemble à «Khoa-dâu-tu» dans les régions montagneuses du Nord-Ouest aide à la confirmation d’une hypothèse selon loquelle les anciens vietnamiens auraient possédé un système d’écriture différent du chinois. Dans son ouvrage, le professeur Lê Trong Khanh démontre que le peuple Viêt a eu son écriture, de nature pictographique, dès l’époque des rois Hùng. Grâce à cette découverte, «les dessins et inscriptions rupestres énigmatiques à Sa Pa sont désormais en mesure d’être déchiffrés», espèrent des experts.

De l’écriture sur la roche à celle sur le métal


Son ouvrage "Phat hiên hê thông chu Viêt cô thuôc loai hinh khoa dâu" (Découverte de l’ancien système d’écriture Viêt) - Photo : Sachtrangan/CVN

Depuis 1958, le professeur Lê Trong Khanh a procédé à des travaux d’études sur les anciens scripts Viêt. En premier lieu le «van tu that gut» (littéralement : lettres nouées) de l’ethnie Cham Hrê, à Nghia Binh (Centre), puis des graphies trouvées sur des poteries, des objets métalliques et des tambours en bronze de Dông Son (âge du bronze, 500-250 av. J.-C, province de Thanh Hoa, Centre). Viennent ensuite les mystérieux pétroglyphes de Sa Pa (province de Lào Cai, Nord).

Le professeur Lê Trong Khanh est devenu le premier scientifique qui est en mesure de justifier les relations entre l’écriture rupestre de Sa Pa et celle gravée sur les objets métalliques de l’époque de Dông Son. Pour lui, les inscriptions rupestres de Sa Pa datent de l’époque de la culture de Go Mun (début du 1er siècle avant J.-C, sous l’État de Van Lang), qui précède la culture de Dông Son. Il s’agit donc de la première création en pictogramme. Nombre de dessins rupestres de Sapa sont aussi présents sur des tambours ou haches de Dông Son.

Les pétroglyphes de Sa Pa ont fait, ces derniers temps, l’objet de nombreuses hypothèses dans les milieux scientifiques, vietnamien et étranger. Pour ces derniers, la découverte de Lê Trong Khanh est un éclairage de valeur sur l’existence de l’ancienne écriture Viêt. Lê Trong Khanh : «L’ancienne graphie Viêt fut créée et s’est développée largement pendant les siècles avant J.-C. Au temps du soulèvement des deux sœurs Trung contre la domination chinoise (40 après J.-C.), l’écriture idéogramme chinoise était moins utilisée que l’écriture Viêt. Cette dernière servait d’instrument de communication et d’information aux forces d’insurrection».

Auteur de nombreux travaux de recherches importants, dont notamment «Les forces armées Viêt du temps des rois Hùng» et «Les toponymes anciens au Vietnam», le professeur Lê Trong Khanh a prêté une attention particulière à l’ancienne écriture Viêt. «Car l’écriture témoigne du degré de civilisation d’une nation», explique-t-il. Et d’insister : «À l’émergence d’une conscience nationale sous les rois Hùng, il y avait certainement une éducation éclatante. Ce premier système d’écriture du Vietnam est précurseur de celui apporté par les envahisseurs chinois».

Le professeur a trouvé un ancien alphabet Viêt au sein de l’ethnie Muong peuplant le Nord-Ouest du pays. Des analyses minutieuses lui ont permis de conclure qu’il s’agit d’une variante de l’écriture «Khoa-dâu-tu». Selon l’estimation d’experts, l’ouvrage «Phát hiên hê thông chu Viêt cô thuôc loai hinh khoa dâu» du professeur Lê Trong Khanh vient compléter «La naissance et le développement des écritures anciennes Viêt», un ouvrage de recherche fondamental publié en 1986 dans la revue de l’Institut de la linguistique, traduit en français, anglais et russe.

Prochainement, l’ouvrage de Lê Trong Khanh sera traduit en anglais par le Centre culturel de Tràng An.

(Source media: Le Courrier du Vietnam)

 

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