Au Vietnam, le combat des maraîchers pour produire des “légumes sains”

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Au Vietnam, le combat des maraîchers pour produire des “légumes sains”

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Au Vietnam, les scandales sanitaires, dont les médias se font l'écho chaque semaine, ont fini par alarmer la population. Tran Van Dao, un producteur de la coopérative de Van Duc, commune située à la périphérie de Hanoï et connue pour ses légumes vendus sur les marchés de la capitale, est soucieux de la qualité de ses produits. Sa coopérative propose des produits certifiés par le label VietGAP (GAP pour Good Agricultural Practices, bonnes pratiques agricoles). Lancé en 2008, celui-ci demande un engagement plus important du maraîcher, qui doit consigner dans un cahier tous les traitements appliqués à ses cultures et est censé être contrôlé chaque année. Mais on est encore très loin d'une agriculture biologique.

« La différence avec un agriculteur non certifié, c'est que je ne peux utiliser que des intrants autorisés, mais aussi que je dois respecter un délai d'au moins quinze jours entre le dernier traitement et la récolte », témoigne Tran Van Dao, en inspectant sa parcelle.

Méfiance

Pour répondre à l'exigence de qualité des classes moyennes émergentes et au développement récent de la grande distribution dans les villes vietnamiennes, le secteur agricole commence à se doter de normes sanitaires et environnementales minimales.

Un programme « légumes sains » a été lancé dans les années 1990, pour répondre à la méfiance de plus en plus grande de la population vis-à-vis de la filière maraîchère. Pour se prévaloir de ce label, la condition est de cultiver dans une zone où la qualité de l'eau, de l'air et du sol est considérée comme satisfaisante.

« Avec les légumes certifiés, l'environnement est protégé, la production plus stable et le prix de vente plus élevé », assure Minh Nguyen Van, le vice-président de la coopérative de Van Duc. Le gain est néanmoins modeste : le prix d'un chou certifié peut atteindre 5 000 dongs (0,17 euro) le kilo, contre 4 000 pour un chou ordinaire.

Le coût élevé de la certification, 18 millions de dongs (614 euros) par hectare, réserve celle-ci aux groupements de producteurs bénéficiant d'aides publiques. C'est le cas de la coopérative de Van Duc, dont les frais de certification sont pris en charge par la municipalité de Hanoï.

« Coût des contrôles »

Le suivi sanitaire de la production agricole est pourtant encore très aléatoire, les sanctions presque inexistantes. « On n'analyse pas tout, car le coût des contrôles est trop élevé, notamment pour les insecticides », reconnaît Nguyen Thi Tan Lo, économiste au Centre de recherche sur les fruits et légumes, un des partenaires du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). « Et, bien souvent, les résultats arrivent après que la production a été vendue et consommée. »

L'insuffisance des contrôles reste, avec le surdosage des intrants et l'utilisation de produits interdits, l'une des plaies de l'agriculture vietnamienne. Mais les esprits évoluent : depuis deux ans, le gouvernement vietnamien a fait de l'amélioration de la qualité dans le secteur agroalimentaire l'une de ses priorités.

« On remarque une prise de conscience et une demande de plus en plus forte de la population d'avoir accès à des aliments sûrs », note Philippe Girard, directeur du bureau régional du Cirad. L'institut français travaille, au côté de partenaires vietnamiens, à améliorer la sûreté et la qualité des aliments, d'origine végétale ou animale.

Le défi est de taille : « Sur le marché mondial, le Vietnam s'est positionné sur une logique de gros volumes de production, de prix bas et de produits de qualité médiocre », explique M. Girard.

Le pays est ainsi devenu le troisième producteur mondial en aquaculture, se spécialisant dans la crevette et le panga. Mais l'usage immodéré d'antibiotiques – dont certains sont interdits dans les pays occidentaux ou au Japon – dans les élevages en a fait également le champion du monde des refus d'importations.

« Farines mélangées avec des antibiotiques »

« Certains aquaculteurs utilisent des farines mélangées avec des antibiotiques, parfois importés de Chine, sans savoir ce qu'il y a dedans. Ils disent les utiliser tant que ça marche, puis passer à autre chose », témoigne Samira Sarter, spécialiste en microbiologie alimentaire au Cirad.

« On est en permanence sur le fil, complète M. Girard. Un éleveur de volailles qui a une bête malade, plutôt que de le signaler aux autorités sanitaires, va chercher à la vendre avant qu'elle ne meure. C'est un problème de pauvreté. »

(Source info: www.lemonde.fr)

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