Vietnam : les "nhà vườn" ("maisons-jardins") de Huê

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Vietnam : les "nhà vườn" ("maisons-jardins") de Huê

Vietnam : les "nhà vườn" ("maisons-jardins") de Huê
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La "maison-jardin" est emblématique de l’architecture originale de Huê (Centre).

Les "nhà vườn" ou "maisons-jardins" de Huê étaient autrefois des résidences privées des mandarins, des membres de la famille ou de la cour royales. Cachées le long de la rivière des Parfums, ces "maisons-jardins" témoignent du passé faste de Hué, l’ancienne cité impériale. Des passionnés ont choisi de les restaurer et d’y vivre.

La plupart des maisons de Huê, surtout dans la banlieue et les villages environnants, possèdent un jardin, d’agrément plus que potager, surtout quand le propriétaire est de souche noble ou lettrée. Le modèle répandu est le suivant: devant la porte d’entrée pratiquée dans la clôture de la maison, on plante un arbre à ombrage, de préférence un badamier. Cette porte, assez haute, est surmontée d’un petit toit, assez large pour permettre au passant d’avoir un abri temporaire contre le soleil ou la pluie.

Au milieu du jardin, la maison principale est précédée d’un écran en maçonnerie (binh phong) de défense magique. L’allée qui y mène depuis la porte d’entrée est bordée de haies de théiers ou d’abricotiers. Elle peut côtoyer un bassin en demi-lune orné de lotus.

L’harmonie entre l’homme et la nature

La première rangée floristique entourant la maison comprend des plantes d’agrément, offrant des fleurs selon le goût du propriétaire.

La deuxième rangée présente des arbres fruitiers au profil svelte tels que orangers thanh yên, aréquiers, citronniers, dont les fruits sont placés sur les autels de Bouddha ou des ancêtres.


Au milieu du jardin, la maison principale est précédée d’un écran en maçonnerie ("binh phong") de défense magique.

La troisième rangée comporte de grands arbres fruitiers, jaquiers, longaniers, goyaviers… Viennent ensuite des plates-bandes d’herbes aromatiques ou de plantes médicinales. En somme, un peu de tout, même dans les jardins de petite dimension.

La maison typique est le nhà ruong à charpente en bois, couverte de tuiles. L’assemblage des pièces se fait à tenon et à mortaise, en l’absence de tout métal. Le tout repose sur un système de colonnes, lesquelles reposent sur des bases rondes ou carrées de pierre taillée et quelquefois décorées, en tout souvent 56 colonnes. Le modèle ordinaire comprend trois travées pleines et deux travées d’extrémité ou appentis. L’autel des ancêtres occupe la travée centrale.

Le bois de charpente est choisi parmi les espèces qui résistent à l’humidité et aux insectes: gie loi (chêne vietnamien), sông xanh (Tetranthera des Laurinées), pin, - pour les maisons de riches: lim (bois de fer), gu (sindora)…

Le bambou est employé pour un type architectural modeste, le nha noi, paillote dotée d’une colonne principale implantée dans le sol et ne reposant pas sur un socle de pierre.

Presque toutes les maisons de la banlieue et des environs de Huê ont un jardin, même les plus pauvres. Mais le terme "nhà vuon" est réservé plutôt à un complexe architectural de ce genre ayant une charpente en bois et recouvrant plusieurs centaines de mètres carrés. Une enquête faite en par la municipalité de Huê a révélé plus de 7.000 nhà vuon de plus de 400 m² dans les quartiers urbains et de plus de 600 m² dans les quartiers suburbains.

Étrangement, ces raretés au charme fou échappent à la majorité des touristes, alors qu’elles disent tout ou presque de l’âme singulière de cette ville qui fut la capitale impériale du Vietnam entre 1802 et 1945. Sur la rive nord de la rivière des Parfums, la vaste citadelle vit se succéder treize empereurs de la dynastie Nguyen.

La maison-jardin An Hiên

Le bâtiment, de plain-pied, n’est autre qu’une très ancienne habitation privée, délicatement posée dans un écrin de nature. Le style de construc­tion est souvent le même. Un plan d’ensemble rectangulaire. Un intérieur où charpente et cloisons sont en bois, assemblés sans clou, tout en tenons et mortaises. Un jardin qui débute par une allée dessinant en son milieu un coude pour, dit-on, mieux égarer le diable. Puis, le regard se heurte à un "mur-écran", un parapet sculpté d’au moins un mètre de haut pour deux ou trois de large, servant à protéger l’intimité de la maisonnée mais surtout à décourager les mauvais esprits : ces derniers, poussés par les vents, buteraient sur l’obstacle avant d’échouer dans le bassin de la cour centrale.


Le portail d'entrée de la maison-jardin An Hiên à Huê.


L'allée principale donne sur un espace verdoyant.


Un paravent a été installé devant l’entrée pour préserver l’intimité des résidents.


La maison a conservé son architecture originelle.


Le bassin de la cour centrale.


À l’intérieur de la maison, l’autel des ancêtres trône dans la pièce centrale.

(Sources info: lecourrier.vn & danviet.vn)

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