L'ambassadeur de France au Vietnam Olivier Brochet (à gauche)

VietNamNet a interviewé Olivier Brochet, ambassadeur de France au Vietnam, sur les relations entre le Vietnam et la France.

Le Vietnam est signataire de l’accord de libre-échange UE-Vietnam (EVFTA) depuis trois ans. Quel est le bilan français du processus de mise en œuvre de l’accord par le Vietnam ? Quelle est l’importance de cet accord pour les relations Vietnam-France ?

L’accord n’a pas seulement une signification économique mais aussi politique. Seuls deux pays de l’ASEAN, dont le Vietnam, rejoignent l’EVFTA. Cela montre que l’UE souhaite que le Vietnam occupe une position importante dans la coopération économique avec l’UE, tandis que le Vietnam occupe une position géopolitique importante par rapport à l’UE (Union européenne).

L’EVFTA facilite l’approche du Vietnam sur le marché européen et soutient le processus de croissance du Vietnam pour améliorer la qualité de vie socio-économique.

L'Europe est l'un des marchés les plus difficiles, avec des exigences élevées non seulement en matière de qualité des produits mais également en matière de normes sociales et environnementales. Ainsi, une fois que les produits vietnamiens pourront s’approcher du marché européen, ils pourront pénétrer d’autres marchés exigeants dans le monde et développer des activités économiques internationales.

Lors de la mise en œuvre de l'accord, nous espérons qu'aucune barrière non tarifaire ne sera installée, ce qui signifie que nous respecterons non seulement les termes écrits dans l'accord, mais que nous respecterons également l'esprit de l'accord.

De nombreuses entreprises françaises sont venues faire des affaires au Vietnam. Pas moins de 230 entreprises françaises ont implanté des succursales au Vietnam, employant 25 000 personnes. Parmi elles, beaucoup sont de grandes entreprises possédant les plus grandes capitalisations boursières françaises.

La France est le deuxième investisseur européen au Vietnam. Il existe deux groupes d'entreprises français au Vietnam. Premièrement, les entreprises participant à de grands projets, notamment au développement des infrastructures, comme le projet de métro de Hanoï. Deuxièmement, ceux qui conçoivent, assemblent et importent des matériaux européens pour monter des produits au Vietnam, comme Decathlon.

En 2023, le chiffre d’affaires des échanges franco-vietnamiens a dépassé les 7 milliards de dollars.

Nous coopérons avec deux grandes sociétés vietnamiennes – VinFast et FPT Software. Ils investissent en France depuis longtemps et entretiennent des relations étroites avec les entreprises françaises.

Il y a quelques jours, nous avons eu une séance de travail avec l'Agence vietnamienne de promotion du commerce (Vietrade) et signé un protocole d'accord entre les deux parties organisant des enquêtes bilatérales. Nous avons également rencontré le ministère de l'Industrie et du Commerce et évoqué la coopération dans le domaine maritime.

Que pensez-vous de l’environnement d’investissement au Vietnam ? Quelles sont les conditions favorables et les difficultés pour les investisseurs français de faire des affaires au Vietnam ?

Certains domaines sont prioritaires pour les dirigeants des deux pays. Le Premier ministre vietnamien, lors de sa visite officielle en France en 2021, s'est mis d'accord avec la partie française sur la liste des domaines prioritaires pour l'encouragement du commerce et des investissements. Plus récemment, lors d'un entretien téléphonique en octobre dernier, le chef du Parti vietnamien Nguyen Phu Trong et le président français ont également proposé des orientations prioritaires pour les relations entre les deux pays, notamment en matière d'activités économiques.

Dans cet esprit, nous souhaitons développer le partenariat France-Vietnam dans trois domaines.

Premièrement, renforcer la souveraineté vietnamienne dans tous les domaines, y compris la défense nationale.

Deuxièmement, la France souhaite s’associer au Vietnam pour résoudre des problèmes qui constituent des défis mondiaux, comme le changement climatique.

Troisièmement, les partenariats liés à l’innovation. Nous avons beaucoup de projets dans l’énergie et les transports.

Dans les conditions actuelles, l’amélioration de l’environnement d’investissement est extrêmement importante pour le Vietnam.

Il y a trois choses importantes à faire.

Tout d’abord, respectez strictement les dispositions de l’EVFTA. Deuxièmement, appliquer strictement la protection de la propriété intellectuelle. Troisièmement, créer des conditions favorables à l’entrée de travailleurs de haute qualité, en résolvant les problèmes liés aux visas et aux permis de travail.

Pourriez-vous s'il vous plaît donner quelques suggestions pour aider le Vietnam à se développer fortement et nous montrer les projets de coopération entre le Vietnam et la France ?

Au cours des 30 dernières années, le Vietnam a été fermement déterminé à s’intégrer économiquement en profondeur à travers le doi moi (rénovation). L’économie vietnamienne est très ouverte et n’a donc pas d’autre choix que d’aller de l’avant.

Cependant, le Vietnam est confronté à de nouveaux défis, notamment le vieillissement de la population, les maladies émergentes, les difficultés médicales et les nouveaux besoins en matière de soins de santé.

Dans de telles conditions, les coûts de main-d’œuvre au Vietnam vont augmenter. Le Vietnam ne devrait plus développer son économie sur la base d’une main-d’œuvre bon marché, mais il doit passer à un modèle de développement économique de haut niveau et, par conséquent, la flexibilité et l’adaptation doivent être renforcées. La France est prête à accompagner le Vietnam dans la préparation d’une main-d’œuvre de qualité.

(Source info: vietnamnet.vn)